Je n’ose pas. Je ne vais pas y arriver. Ce n’est pas encore assez bien, il faut que je le retravaille. Les autres savent mais pas moi, comment font-ils ? Je n’ai pas les compétences pour. Je n’ai aucun talent.
Combien de fois par jour entendez-vous une petite voix similaire dans votre tête ? Moi, ça m’est arrivé en permanence pendant des années. Et encore aujourd’hui, de temps en temps. Car il faut bien l’admettre : garder sa confiance en soi à un bon niveau est un travail constant, tout au long de la vie. Première caractéristique donc : c’est un muscle que vous pouvez développer et entretenir.
Mais commençons par le commencement : qu’est-ce que la confiance en soi ?
C’est une conviction, une croyance que nous avons que nous sommes en mesure de réaliser ce que nous devons ou voulons faire. Un sentiment de sécurité intérieure qui nous rassure. Une sorte de solidité qui nous permet de sortir de notre zone de confort et de prendre des risques. Une ressource précieuse qui nous fait sentir à l’aise, fier de nous.
Si tout le monde est candidat à un déficit de confiance en soi, certaines personnalités sont plus facilement atteintes, comme les perfectionnistes, ou les personnes ayant reçu peu d’amour inconditionnel dans leur enfance (je détaillerai cette notion à l’occasion, mais disons qu’il s’agit de savoir que nous sommes aimés pour la personne que nous sommes et pas seulement pour ce que nous faisons).
La confiance en soi est aussi sujette à des événements de vie : perdre son emploi ou vivre une séparation par exemple sont des moments où la confiance en soi est mise à mal, tant notre socle de vie est perturbé.
Et donc deuxième caractéristique : la confiance en soi est variable dans le temps et dans l’espace.
Comment muscler la confiance en soi ?
C’est rassurant me direz-vous, mais concrètement on fait quoi ? Passons en revue quelques stratégies utiles qui sont, comme souvent, simples, mais pas faciles (vous voyez la différence ?).
Soyez bienveillant avec vous-même.
Quand votre meilleur ami est dans les difficultés, comment réagissez-vous ? Commencez-vous par le critiquer, par lui dire “Je te l’avais bien dit, c’est ta faute tout ça, tu n’avais qu’à agir autrement” ? Probablement pas. Mais alors, pourquoi agissez-vous de la sorte avec vous-même ? Pourquoi cette sévérité ? Pourquoi ces jugements incessants ?
Bien sûr, cela ne signifie pas que vous devez être dans la béatitude de votre personne et de vos actes, cela mènerait à l’excès inverse. Apprenez à vous regarder avec bienveillance. Commencez par apprécier la belle personne que vous êtes. Il y a de belles choses dans chacun d’entre nous, nous avons tous des qualités et des talents (on verra un peu plus loin comment en prendre mieux conscience).
Accueillez vos imperfections
Non, vous n’êtes pas parfait, n’en déplaise à votre Grand Perfectionniste Intérieur ! Oui, vous commettez des erreurs. Et vous savez quoi ? C’est tant mieux, car celui qui ne commet jamais d’erreur ne progresse pas.
Par exemple, j’ai eu une mère imparfaite, et j’en ai été une moi-même. Je me suis construite non seulement sur les exemples positifs que ma mère m’apportait, mais aussi sur ses imperfections. De même, les miennes ont laissé de la place à mes enfants pour grandir, prendre du recul, devenir non pas un singe de perfection, mais les êtres qu’ils devaient être. En étant imparfaite, je leur ai ouvert de larges portes.
Notre recherche de perfection nous éloigne des autres. Ainsi une de mes amies n’accueille plus jamais chez elle, tant elle se met de pression sur la perfection des repas qu’elle doit offrir. Je trouve ça profondément dommage, car elle vit dans un environnement exceptionnel, et je préfèrerais mille fois passer du temps de qualité avec elle sur sa terrasse autour d’un simple spaghetti bolognese que d’aller dans un restaurant, même très bon.
Traquez vos croyances limitantes
Nous avons une tendance naturelle au jugement, j’en ai déjà parlé. Et souvent, les jugements que nous formulons sont génériques et sans appel : Je suis nul, je ne vais jamais rien réussir, c’est toujours comme ça, …
Quand je coache, il y a une série de petits mots qui attirent mon attention : toujours, jamais, rien, tout, etc. Ils sont le signe d’une croyance sous-jacente, le plus souvent négative. Or, notre cerveau est programmé pour donner raison à nos croyances, qu’elles soient limitantes ou portantes. C’est un cercle vicieux. Vous vous croyez nul, incompétent ? Votre cerveau va en permanence occulter ce qui pourrait vous détromper de cette croyance.
Soyez donc attentif au vocabulaire que vous utilisez, et traquez les petits mots piège. Arrêtez-vous et demandez-vous quelle pourrait bien être la croyance qui se cache derrière. Ensuite, demandez-vous si c’est vraiment vrai. Pouvez-vous être absolument certain que c’est vrai ?
Par exemple ‘Je suis nul’. Suis-je vraiment nul ? Tout le temps ? Je ne sais donc ni parler, ni écrire, ni communiquer, ni aimer, ni aider, ni partager ? Je n’ai aucune compétence ? Vraiment ? Trouvez le petit bout du fil de la pelote de laine de cette croyance, et commencez à la détricoter : en fait, si, j’entre facilement en contact avec les autres, je sais bricoler, on me dit souvent que je suis fiable…
Vous pourriez aussi demander du feedback à quelqu’un qui vous connait bien. Formulez votre demande spécifiquement, comme : « Que trouvez-tu que je fais bien ? » ou « Qu’apprécies-tu chez moi ? ». Ensuite, laissez votre juge au placard et accueillez simplement la réponse. Mieux, savourez-la, dégustez-la lentement, vous verrez que ça fait du bien !
S’inspirer ou se comparer ?
Nous vivons dans une société de l’image. Il suffit de se promener sur des pompes à confiance en soi comme Instagram ou de regarder certaines émissions hautement intellectuelles comme ‘Les Marseillais’ pour voir à quel point la ‘perfection’ des corps est mise en avant. Pour être quelqu’un, il suffit en fait de bien utiliser Photoshop, ou d’avoir un corps musclé et tatoué. Vraiment ?
Mon grand-père, qui était un sage, m’a souvent dit ‘Tu trouveras toujours quelqu’un de plus beau, plus intelligent, plus riche ou plus fort que toi.’ – et je réalise que je l’ai souvent dit à mes propres enfants. Plutôt que de vous comparer, cherchez plutôt quelle est votre singularité ? Qu’est-ce qui vous rend unique ? Qu’est-ce qui vous rend beau aux yeux de ceux qui vous aiment ? Les médias nous renvoient des images de perfection. Mais ce ne sont que des images, ce n’est pas la vraie vie. Sans oublier que, même les plus belles personnes ont leurs complexes, et souffrent aussi souvent de manque de confiance en soi.
En revanche, j’aime me laisser inspirer. Ainsi, j’admire Steve Jobs pour son côté visionnaire, et le jusqu’au-boutisme qu’il a mis dans la réalisation de ses idées. Même si à côté de cela, c’était un personnage épouvantable sur les relations humaines – en tout cas jusqu’à ce qu’il approche de la mort. Alors que nous comparer ne fait que nous rabaisser (ou rabaisser l’autre), se laisser inspirer par des modèles nous permet de progresser. Et vous, qui vous inspire ? Que pouvez-vous apprendre de cette personne ? Quelles sont ses caractéristiques même sous forme de bourgeon que vous avez déjà et comment pouvez-vous les déployer ?
Allez à la rencontre de vos réussites.
Pour aller plus loin, je vous propose un exercice. Installez-vous confortablement dans un endroit où vous ne serez pas dérangé – ou mieux encore, faites l’exercice à deux : l’un pose les questions à la manière d’un journaliste, et l’autre répond, après quoi vous échangez les rôles.
Remémorez-vous un moment de votre vie où vous avez réalisé quelque chose dont vous pouvez être fier. Peu importe l’ampleur du résultat ou le domaine. Revenez sur cet épisode. Décrivez-le en détails : quand, où, avec qui, de quoi vous rappelez-vous du décor, de ce qui a été dit ou fait, ce que vous avez dit ou fait. Replongez-vous dans ce moment, revivez-le aussi intensément que possible. Essayez de ressentir ce qui se passe dans votre corps à l’évocation de ce moment, quelles sont les émotions qui émergent, et laissez-les venir.
Ensuite, demandez-vous quelles ressources, talents ou compétences vous avez mis en œuvre pour atteindre ce résultat. Laissez la modestie de côté, elle n’a pas sa place ici. Avez-vous fait preuve de persévérance, d’astuce, d’une capacité à entrer en contact ? Quoi d’autre ? A chaque fois que vous évoquez une de ces forces, ressentez-la. Dites-vous ‘Je suis … ‘ ou ‘Je sais …’.
Demandez-vous maintenant ce qui vous a motivé dans cette situation ? Qu’est-ce qui a fait que vous vouliez vraiment y arriver ? Quel a été le moteur ?
Enfin, examinez comment vous pourriez utiliser plus souvent dans votre vie ces ressources et ces sources de motivation.
Mettez ensuite vos conclusions par écrit. Et relisez ce document souvent. Si vous avez fait l’exercice à deux, c’est le ‘journaliste’ qui prend des notes. Après avoir parcouru toutes les questions, il raconte à l’interviewé ce qu’il a retenu et ce qui l’a touché dans l’histoire. Puis on inverse les rôles.
Action, action, action !
Inaction breeds doubt and fear. Action breeds confidence and courage. If you want to conquer fear, do not sit home and think about it. Go out and get busy.
Dale Carnegie.
Le conseil le plus important est ce dernier : arrêtez de penser et agissez ! La semaine dernière, j’avais besoin d’acheter un ticket de train, mais mon seul moyen de paiement était mon smartphone (j’avais oublié mon portefeuille à la maison). Je me dis que je dois demander de l’aide à quelqu’un, et aussitôt, mon esprit part en vrille : il va te refuser, tu auras l’air ridicule, de toute façon ici tout le monde est pressé, … vous voyez ce que je veux dire. Pourtant je n’avais pas le choix, j’ai donc abordé une dame et je lui ai expliqué ma situation. Et vous savez quoi ? Non seulement elle m’a aidé avec plaisir, mais elle m’a même suggéré une solution à laquelle je n’avais pas pensé. Elle a pris du temps pour m’offrir son aide.
Notre mental a une fâcheuse capacité à voir seulement les problèmes possibles – il semble que cela vienne d’il y a fort fort longtemps, quand nous étions dans la savane remplie de lions et que nous devions être fort fort prudents. Mais nous avons la capacité à aller au-delà de ces idées limitantes. Osons nous lancer dans l’inconnu, nous faire confiance, faire confiance à l’autre.
Et, oui, parfois nous trouverons une porte fermée. Mais seulement une fois de temps en temps. Toutes les autres fois, nous pourrons en profiter pour continuer à construire notre force intérieure, et à détricoter nos croyances limitantes.
Conclusion.
La confiance en soi, c’est à la fois le monstre du Loch Ness et la tarte à la crème du développement personnel : si vous lancez une recherche sur Amazon, la rubrique ‘Livre’ vous donne 60.000 résultats ! Je vais vous faire gagner un peu de temps : je vous recommande « Imparfaits, libres et heureux » de Christophe André, ou « Estime de soi, confiance en soi, amour de soi » de Patrice Ras, qui a en outre l’avantage de comprendre un test d’auto-diagnostic et qui se lit très facilement.
Sachez aussi que faire appel à un coach peut être un excellent accélérateur, et que dans certains cas le recours à un psychologue pourrait être nécessaire.
Nous ne démarrons pas tous dans la vie avec un certain capital de confiance en soi. La construire durablement nécessitera un travail parfois important, et puis un entretien régulier. Mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Car la confiance en vous vous permet d’être de plus en plus la personne que vous êtes vraiment et non celle qu’on vous impose. Elle vous apportera le courage et la force de continuer à construire votre futur, elle facilite les relations et ouvre des portes.
Et vous ?
Dites-nous : quels sont les domaines où vous avez confiance, et ceux que vous voulez développer ? Curieuse de votre feedback !