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Relativiser ? Facile à dire !

Il est cinq heures quarante-cinq ce mardi 17 octobre.  Je dépose mon mari à Bruxelles-Midi pour le premier Thalys quand tout à coup une terrible angoisse m’étreint.  Je connais bien ces symptômes : difficulté à respirer, grosse boule dans le ventre, et l’impression que le sang se retire de mes membres.  

Cette attaque de hier contre des ressortissants suédois me renvoie, comme beaucoup d’entre vous probablement, aux attentats du 22 mars et à la période Covid. J’ai peur.  Je suis triste de tant de violence. Je me sens impuissante.

Instantanément, l’optimiste en moi tente de relativiser : je suis dans un pays en paix, les bombes ne tombent pas sur ma maison, comme en Ukraine ou au Moyen-Orient.  Ca ne fonctionne qu’une fraction de seconde, l’angoisse revient à la charge. 

Et vous savez quoi ?  C’est normal !!! Pourquoi ?  Parce que je ne traite pas l’information par le bon canal.   

Vouloir raisonner ses émotions revient à parler à un mal-voyant en langage des signes.  

Pour pouvoir me raisonner, je dois d’abord m’occuper de mes émotions.  Tant qu’elles ne sont pas apaisées, j’aurai beau essayer d’enclencher mon intelligence mentale, je vais toujours me prendre les pieds dans le tapis. 

1. Accepter

La première chose à faire est donc de mettre mon égo et mes injonctions ‘sois fort’ de côté, et accepter que je me sens mal.  Simplement en me connectant à ce que je ressens : respiration difficile, boule dans le ventre, membres vides.  Partez mentalement à l’exploration de votre corps, et cherchez ce qui est lourd, bloqué ou difficile.  Profitez-en pour respirer consciemment et profondément.

Si l’intensité de l’émotion est importante, vous pouvez aussi défocaliser votre attention, par exemple un utilisant la technique ‘5,4,3,2,1’ : énumérez mentalement 5 choses que vous voyez, 4 choses que vous ressentez, 3 choses que vous entendez, 2 choses que vous sentez (odorat), et 1 chose que vous goûtez. Cela peut aider à revenir au moment présent

2. Ecouter 

La seconde étape consiste à entendre ce que le ressenti vous dit.  Les émotions peuvent être très nuancées, mais globalement il y a quatre émotions de base : peur, colère, tristesse, joie.  Laquelle pourrait bien être concernée ?  Examinez ce qui se passe.  Dans mon cas, j’étais triste, parce que cette violence est tellement loin de ce que je souhaite pour notre société.  J’avais un peu peur aussi, il faut bien l’avouer.  Et en même temps, je me sentais coupable de me sentir mal, par rapport à la situation d’autres populations dans le monde.  Tout ça fait un marshmallow pas très agréable, beurk ! 

Travaillez votre dictionnaire émotionnel. En effet, plusieurs études ont montré que la capacité à exprimer de manière nuancée son ressenti contribue à une meilleure régulation émotionnelle, diminue le stress et augmente la capacité à agir.

3. Lâcher prise

Ces deux étapes vont permettre de baisser la pression émotionnelle.  Maintenant, j’ai rouvert l’accès à ma pensée ‘intelligente’.  Maintenant, je vais pouvoir relativiser.  Maintenant, je vais pouvoir décider de lâcher prise sur  ce qui est en-dehors de mon contrôle.  Maintenant, je vais pouvoir identifier ce dont j’ai besoin et agir.  

Et c’est précisément ce qui s’est passé.  Après mon exercice de connexion/introspection, j’ai réalisé que ce dont j’avais besoin, ce n’était pas me ruer sur le premier site d’achat en ligne venu ou sur la tablette de chocolat comme je le pensais jusque-là, mais simplement besoin de voir du monde.  L’idée de rester cette journée seule à la maison était impossible.  J’ai donc agi en conséquence, et cette angoisse a été l’occasion d’un agréable déjeuner avec mon fils.

Lâcher prise est une injonction complexe.  On a souvent le sentiment qu’il s’agit de perdre quelque chose. On le confond d’ailleurs souvent avec renoncer, alors que c’est juste l’inverse.  

Lâcher-prise, c’est faire la part des choses entre ce qui est sous mon contrôle et ce qui fait partie du reste du monde.  Je trouve qu’elle est merveilleusement illustrée par la célèbre citation attribuée à Marc Aurèle

« Puissé-je avoir la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses qui peuvent l’être et la sagesse d’en connaitre la différence. »

Ce qu’il faut retenir :

  • Les émotions se traduisent toujours par un ressenti physique – plus ou moins facilement accessible selon les personnes
  • Tant que les émotions sont aux commandes, vous n’avez pas accès à votre mode mental, ou très difficilement. Vouloir relativiser est donc inefficace, du moins dans un premier temps.
  • Il faut d’abord accueillir vos émotions, les ressentir, les étiqueter, et entendre ce qu’elles veulent dire
  • Une fois que la pression émotionnelle a diminué, vous pouvez clarifier ce dont vous avez réellement besoin et agir en conséquence
  • Pour finalement lâcher prise.       

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