Apprends à dire non à ce qui ne te convient pas pour pouvoir dire oui à ce qui compte vraiment.
Dès qu’un scout se présente à ma porte pour vendre ses gaufres ou qu’une personne a installé sa petite table à la sortie de mon supermarché, il y a une sorte de génie qui s’empare de moi et me force à leur acheter quelque chose, même si je n’en ai pas envie. On pourrait croire que c’est de la générosité, et c’est en partie vrai. Mais il y a plus profond. Je ne sais pas dire non.
Enfin, j’apprends lentement. Mais ça reste pour moi un exercice très douloureux. Et comme je constate que c’est le cas pour beaucoup d’entre nous, je me suis penchée sur la question.
Pourquoi c’est difficile de dire non (en tout cas pour certains) ?
J’y vois deux raisons principales : la peur du rejet et le besoin d’être aimé.
La peur du rejet.
Nous sommes des animaux foncièrement grégaires. Nous avons un énorme besoin de sentir que nous appartenons à un groupe, une communauté : famille, amis, bien sûr au boulot, mais aussi dans ton club sportif ou l’association que tu soutiens.
Sous la difficulté de dire non se cache souvent la peur de ne pas être intégré, de ne pas faire partie. Prenons le cas de Sophie. Elle a eu une journée très difficile et a juste envie de rentrer se détendre chez elle. Mais c’est l’anniversaire de son collègue, et un afterwork est organisé au café du coin. Elle va donc y aller, tout en sachant qu’elle ne se fait pas du bien, mais elle ne veut pas se sentir ‘ne faisant pas partie du truc’ …
Combien de fois ai-je entendu des fumeurs me dire ‘j’ai commencé parce que je voulais faire comme tous mes potes à l’adolescence’ (qui est en plus une période très critique pour le sentiment d’appartenance) ? Combien de fois ai-je moi-même suivi l’équipe de basket de mes fils à la buvette alors que j’avais besoin de me retrouver seule, moi l’introvertie ?
Mais le prix à payer est lourd. Pour s’intégrer, nous nous éloignons de nous-même, de nos propres besoins.
Le besoin d’être aimé.
Nous avons tous besoin d’être aimés, reconnus, appréciés. Et pour certaines personnes, ‘faire plaisir’ est perçu comme un moyen d’atteindre cet objectif, c’est ce qu’on appelle un ‘driver’. Un driver est un schéma de comportement profondément ancré en nous, depuis l’enfance. Il oriente nos actions.
Les personnes avec un driver ‘fais plaisir’ ont la croyance – bien inconsciente – que pour être aimé il faut faire plaisir à autrui. Au début, à ses parents, instituteurs, ou éducateurs, puis à l’âge adulte, à toute personne qu’on considère comme tant soit peu importante. Du coup, il nous arrive souvent de faire passer les besoins des autres avant les nôtres.
Des conséquences néfastes.
Pierre ne sait dire non à rien. Il cumule les engagements. Résultat, il est dans le meilleur des cas en retard, dans le pire il joue aux abonnés absents. On dit donc de lui qu’il est gentil, mais qu’il ne sait pas tenir parole…
Et ce n’est pas la seule conséquence de l’incapacité à dire non. Surmenage, surcharge mentale, épuisement physique guettent. Tu t’éloignes de tes objectifs en contribuant à ceux des autre et tu entames chaque jour un peu plus ta confiance en toi.
La technique des petits pas.
Impossible bien sûr de changer du tout au tout en un instant. Apprendre à fixer tes limites, vaincre la peur du rejet, accepter de ne pas être aimé pour ce que tu fais mais simplement pour ce que tu es, nécessite du temps. La clé du succès réside dans l’action par petits pas et la persévérance. Dire « non » peut être difficile au début, mais c’est comme un muscle : plus tu l’utilises, plus il devient fort. Commence petit et pratique souvent.
Commence à pratiquer dans l’environnement le moins risqué : avec tes voisins, dans ton club sportif, avec un collègue. Identifie un piège de ‘oui’ dans lequel tu tombes souvent. Teste un ‘non’ et vois ce qui se passe. Ca risque d’être inconfortable, mais surtout tiens bon.
Une fois que tu te sentiras un peu plus à l’aise, augmente la difficulté progressivement : ton conjoint, tes parents, ton chef … Tu peux y arriver !
Quand tu changes, le système change.
… mais le système n’aime pas le changement !
Et il va faire son possible pour maintenir le statu quo. Les gens autour de toi ont l’habitude que tu sois la nana ou le mec sympa toujours prêt à aider ? Certains autour de toi vont donc résister. Des questions, des reproches subtils, des remarques désagréables peut-être.
Tiens bon ! Dis-toi qu’on ne peut pas être aimé par tout le monde. Et si les gens t’apprécient uniquement parce que tu es serviable, il vaut mieux prendre tes distances.
Pour aller plus loin.
- Les mots sont des fenêtres (ou des murs) – Marshall B. Rosenberg
- Je me respecte, tu te respectes, il se respecte (lien vers l’article)
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